Si l’on m’avait dit il y a 5 ans que je vivrais de ma passion (retisser le lien entre les enfants et la nature), je n’y aurais sans doute pas cru. Et pour cause! Il y a 5 ans, j’étais encore en activité de professeure des écoles, je n’avais aucune connaissance sur la façon dont créer son emploi et j’avais bien conscience que le milieu de l’éducation nature est difficilement rémunérateur, notamment à cause de la forte diminution des aides publiques. Et pourtant…
Du rêve à la réalité
Je travaille aujourd’hui à temps plein depuis que j’ai créé Eveil et Nature, et j’ai même eu la possibilité de recruter une personne avec qui collaborer! Bon d’accord, nous sommes au smic. Mais nous le vivons joyeusement, car notre travail nous passionne, nous permet de gérer notre temps avec plus de liberté et nous donne le sentiment de faire notre part pour une cause qui nous tient à coeur.
Quel est notre travail? Nous animons des ateliers buissonniers et avons créé la formation en ligne “Passeur de Nature”, nous accompagnons les personnes dans leur démarche d’éveiller les enfants à la nature.
Les réponses à vos questions
Je réponds aujourd’hui à Florence, qui suit notre formation en ligne “Passeur de Nature”:
Voici les questions posées par Florence:
Quel est ton statut à Eveil et Nature ? Micro- entreprise ?
Lorsque j’avais tracé les grandes lignes de mon projet, je me suis créé un statut d’auto-entrepreneuse. C’était très simple (quelques minutes en ligne) mais je m’en suis ensuite mordu les doigts. En effet, une micro entreprise c’est facile, à condition de ne pas dépasser le seuil au-delà duquel on devient redevable de la TVA. Car sinon, on perd le statut d’entreprise micro et l’on devient Entreprise Individuelle (EI). Et là, on paye un maximum de charges (dont les 20% de TVA, ce qui fait plus de 50% de charges au total) mais l’on n’a aucun avantage. Et vous savez quoi? Dès la 1ère session de formation “Passeur de Nature”, le nombre de stagiaires était tel que non seulement je dépassais le seuil pour la TVA, mais j’avais la possibilité d’embaucher 1 personne à temps plein (ce qui tombait bien car il y avait pas mal de boulot!). Nous avons alors fait appel à un cabinet comptable qui nous a aidées à nous sortir de ce mauvais pas… A noter que depuis, le seuil en-dessous duquel on ne paye pas la TVA a été multiplié par 2.
Mais administrativement, tout cela a été d’une lourdeur extrème! Car du coup, j’ai créé une EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée) avec 1 salariée et dont j’étais la gérante, mais l’EI continuait d’exister car certains de nos stagiaires payaient en 12 fois (et d’un point de vue comptable, il n’est pas possible qu’un client commence à nous payer pour un produit sur une entreprise et termine ses mensualités sur une autre entreprise! D’autant que la formation proposée avec l’EURL n’était pas tout à fait la même.) Pendant 1 an, je me suis donc retrouvée à gérer 2 entreprises (moi qui n’y connaissais rien!), des tonnes de paperrasse et surtout des charges de tous les côtés. En parallèle, nous animions nos ateliers buissonniers en tant que prestataire de la MJC du village.
Aujourd’hui, tout est rentré dans l’ordre d’un point de vue administratif et il n’y a plus qu’une seule structure (l’EURL Eveil et Nature). Mais même l’URSSAF y a perdu son latin!
Et le statut associatif?
Pourquoi je n’ai pas choisi le statut associatif? me demanderont peut-être certains. J’ai hésité en effet, car une association aurait tout à fait pu être créée autour de ce projet.
3 raisons pour lesquelles je n’ai pas retenu ce statut:
- Au niveau personnel, je préfère m’engager dans le tissus associatif à titre bénévole, je suis d’ailleurs dans le bureau ou CA de plusieurs assos.
- Au niveau des finances, j’ai eu peur de rencontrer les mêmes difficultés que les nombreuses assos qui souffrent malheureusement de la baisse drastique des subventions.
- En terme de gouvernance, j’ai vécu comme un frein dans de nombreuses assos la collaboration entre les administrateurs et les salariés… Cela n’est heureusement pas toujours le cas, mais une réflexion poussée sur ce point me semble nécessaire avant de se lancer!
Au niveau de l’Education Nationale: es-tu en disponibilité? As-tu démissionné? Quel est le poste de ton interlocuteur à la DSDEN ?
Je suis en disponibilité. Je ne perçois donc plus de salaire, mais je peux réintégrer un poste à la rentrée suivante si je le souhaite. Chaque année, je dois adresser une demande afin de renouveler cette dispo, cela peut bien sûr m’être refusé. J’ai droit jusqu’à 10 ans de dispo.
Mon interlocuteur à l’Education nationale est la personne de la division du personnel responsable de mon dossier, aux petits soins, puis-je ajouter
A terme comment envisages-tu le rapport à l’EN ? Démission ?
As-tu suivi des formations concernant la création / gestion de ton entreprise? Si oui, laquelle ?
As-tu fait des ‘ boulettes’ au moment de la création de ton entreprise, que tu aurais pu éviter si on t’avait prévenue ?
Si c’était à refaire, je rejoindrais dès le début une coopérative d’entrepreneurs. Je croyais que cela me coûterait trop cher, mais en réalité j’ai perdu bien plus d’argent et surtout d’énergie en avançant à tâtons! A titre d’exemple, voici la coopérative que j’aurais pu rejoindre: https://solstice.coop/
En espérant que ce témoignage apportera quelques éclairages à celles et ceux qui envisagent de se lancer dans l’aventure! Car oui, créer son activité de “Passeur de nature”, c’est une aventure… Elle est pour moi passionnante, et a tellement de sens! Et elle ne fait que commencer
Je vous en souhaite tout autant !!! En ajoutant que ce témoignage n’est certainement pas un modèle à suivre, il montre simplement que cela est possible… à condition de sortir de sa zone de confort, au moins pour le 1er pas!
N’hésitez pas à poser d’autres questions en commentaires…